Les Etats-Unis sanctionnent Alpha Condé et Karim Keita

Les Etats-Unis sanctionnent Alpha Condé et Karim Keita

Afrique Politique

Le Département du Trésor des États-Unis a annoncé, vendredi 9 décembre, des sanctions contre l’ancien président de la Guinée Alpha Condé, Karim Keita et plusieurs personnalités à travers le monde.

Selon Washington, cette décision « est l’aboutissement d’une enquête et d’une procédure approfondies et pluriannuelles » du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis. Voici un extrait du communiqué du Trésor :

GRAVES ABUS DES DROITS HUMAINS EN GUINÉE

L’OFAC désigne Alpha Condé (Condé), l’ancien président de la Guinée, qui a été évincé lors d’un coup d’État en septembre 2021. Sous sa présidence, les forces de sécurité se sont livrées à des violences contre les partisans de l’opposition de Condé menant à un référendum constitutionnel de mars 2020 qui a permis à Condé de briguer un troisième mandat. Les violences contre les membres de l’opposition se sont poursuivies pendant et après l’élection présidentielle guinéenne d’octobre 2020. Début 2020, Condé a ordonné aux ministres de créer une unité de police pour répondre aux manifestants anti-Condé, par la violence si nécessaire. Les rapports indiquent qu’en 2020, le gouvernement a arbitrairement arrêté et détenu des membres de l’opposition. Aux alentours de l’élection présidentielle guinéenne d’octobre 2020, les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force pour disperser les partisans de l’opposition. Entre autres incidents, les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles sur la foule qui s’était rassemblée pour célébrer l’annonce de la victoire de l’opposition de Condé et tiré sur deux mineurs, en tuant un, et en tirant sur un autre dans le dos alors qu’il s’enfuyait. Après les élections d’octobre 2020, les forces de sécurité auraient tué plus d’une douzaine de personnes, y compris des personnes tuées à bout portant qui ne présentaient aucun danger immédiat pour les forces de sécurité. Condé est désigné conformément à l’E.O. 13818 pour être une personne étrangère qui est ou a été un dirigeant ou un fonctionnaire d’une entité, y compris toute entité gouvernementale, qui s’est livrée ou dont les membres se sont livrés à de graves violations des droits de l’homme liées à son mandat.

CORRUPTION AU MALI

Karim Keita (Keita) est le fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keita et l’ancien président de la Commission de sécurité et de défense de l’Assemblée nationale du Mali. Keita a supervisé les dépenses de défense du Mali de février 2014 à août 2020, lorsque l’armée a renversé son père. Keita aurait utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribuer des contrats à des affiliés qui lui ont ensuite versé des pots-de-vin et détourner des fonds publics en surpayant des contrats de matériel. Par l’intermédiaire de son père, Keita se serait arrangé pour retirer de leurs fonctions les fonctionnaires qui ne soutenaient pas sa corruption. Keita a également ostensiblement organisé des pots-de-vin pour soutenir la réélection de son père. Après l’éviction de son père, Keita s’est enfui en Côte d’Ivoire, où il occupe le poste de PDG de Konijane Strategic Marketing. L’OFAC désigne Keita conformément à l’E.O. 13818 pour être une personne étrangère qui est un fonctionnaire actuel ou ancien du gouvernement, ou une personne agissant pour ou au nom d’un tel fonctionnaire, qui est responsable ou est complice de, ou a directement ou indirectement participé à, la corruption, y compris le détournement de biens de l’État, l’expropriation de biens privés à des fins personnelles, la corruption liée à des contrats gouvernementaux ou à l’extraction de ressources naturelles, ou la corruption. L’OFAC désigne également Konijane Strategic Marketing, basé en Côte d’Ivoire, comme étant détenu ou contrôlé par Keita. Séparément, Keita aurait également organisé l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent de Birama Touré (Touré), un journaliste qui enquêtait sur l’implication de Keita dans la corruption. Plusieurs témoins affirment avoir vu Touré dans une prison gérée par les services de renseignement maliens avec des signes clairs d’avoir été brutalement torturé. Au moins un témoin a affirmé avoir vu le corps apparemment sans vie de Touré retiré de la prison en présence de Keita. Keita aurait fait pression sur un avocat pour qu’il ne se charge pas du dossier de Touré, tandis qu’un autre témoin a affirmé que Touré lui avait dit en prison qu’il avait été arrêté sur les ordres de Keita.

Le Trésor a sanctionné plus de 40 personnes et entités dans neuf pays liées à la corruption et aux atteintes aux droits humains

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