Depuis son indépendance, le Burkina, pays de l’Afrique de l’ouest souffre d’instabilité. Difficile pour un président élu de faire son mandat sans accrocs. Entre coups d’Etat et lutte contre le terrorisme, le pays a du mal à se retrouver.
Deux coups d’État en huit mois. 10 Présidents dont 70% de militaires en 62 ans d’indépendance. 40 % du territoire dans les mains des terroristes. Comment comprendre simplement la tragédie que vit le Burkina ?
Coups d’Etat à répétition, terrorisme en complément
Maurice Yaméogo, le premier président de la République de Haute-Volta, actuel Burkina Faso a été renversé lors du coup d’État de 1966. L’armée est intervenue contre le gouvernement suite à des troubles populaires de grande ampleur, obligeant le président Maurice Yaméogo à démissionner. Il fut remplacé par le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana. Lamizana allait régner jusqu’en 1980, date à laquelle un autre coup d’État militaire l’a évincé du pouvoir.
Le même sort sera réservé à son successeur Saye Zerbo. Ce dernier est renversé par Jean-Baptiste Ouédraogo, qui le succède à la tête du Conseil du salut du peuple (CSP). Il sera aussi démis de ses fonctions.
Thomas Isidore Noël Sankara, le très charismatique prend le pouvoir par un coup d’Etat. Il est mort assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou au Burkina Faso. Il est remplacé par un très proche, Blaise Compaoré.
Ce dernier, en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire, a été condamné par contumace, le 6 avril 2022, à la prison à perpétuité pour sa participation à l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, tué avec douze de ses compagnons lors d’un coup d’État en 1987.
Malgré ses années de pouvoir, Blaise Compaoré sera obligé par la rue de quitter le pays en voulant modifier la Constitution. S’en est suivie une transition mouvementée. Honoré Traoé, Isaac Zida et Michel Kafando vont se succéder. Le général Gilbert Diendéré a tenté un coup d’Etat dans le coup d’Etat en 2015 qui s’est soldé par un cuisant échec. Occasion donnée à Moumina Chériff Sy d’assurer l’intérim avant que M. Kafando ne reprenne la main.
Candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) à l’élection présidentielle de 2015, Roch Marc Christian Kaboré est élu dès le premier tour pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois, avec 53,49 % des voix. En 2020, il est réélu pour un second mandat dès le premier tour avec 57,87 % des voix. Mais son mandat a été écourté par le coup d’Etat en janvier 2022.
Il est arrêté par une garnison de militaires, renonce au pouvoir puis est remplacé par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Ce dernier n’a dirigé le pays que pendant 8 mois. Il est à son tour, écarté de force du pouvoir malgré une tentative de résistance sans succès.
Le capitaine Ibrahim Traoré (34 ans) qui contrôle désormais le Burkina Faso se montre pressé. Pour lui, « tout est urgent » au Burkina et il faut aller vite. Plusieurs y voient en lui, une réincarnation de Thomas Sankara.
Pendant ce temps, le Burkina est fragilisé par l’incapacité des dirigeants successifs à vaincre le terrorisme. Chaque année, des massacres sont enregistrés, des villes entières échappent aux autorités. Les exemples sont aussi tristes les uns que les autres. Attaque de Solhan,160 morts environ, celle d’Inata, des dizaines de morts… Le nouveau président Ibrahim Traoré est bien conscient de ses réalités.
« On ne dirige pas, ne développe pas un pays par un enchaînement de coups d’État : il faut un ordre constitutionnel respecté par tous ; une armée républicanisée affectée à la tâche de protectrice du territoire et des institutions. Enfin, une population laborieuse libérée de la fatalité victimaire. Parce qu’après tout, notre situation est le reflet d’une mentalité collective nécessitant une évolution » analyse l’essayiste Equiano d’Sassa.
Le Burkina est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des mouvements djihadistes affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique. Ces attaques régulières ont fait des milliers de morts et contraint quelque 2 millions de personnes à fuir leurs foyers.