L’Érythrée, située dans la Corne de l’Afrique, est souvent citée parmi les nations les plus fermées du monde. Ce pays, qui a accédé à l’indépendance en 1993 après une longue guerre de libération contre l’Éthiopie, s’est éloigné du sport national le plus populaire : le football.
Depuis l’accession au pouvoir d’Isaias Afwerki, le football, comme beaucoup d’autres aspects de la culture érythréenne, a été fortement impacté par ce régime.
Les compétitions sportives ont longtemps été un moyen de cohésion sociale et de fierté nationale, mais aujourd’hui, elles sont en déclin constant.
Des joueurs qui fuient une fois hors du pays L’un des aspects les plus tragiques de la situation du football érythréen est la désertion massive des joueurs.
Lors des compétitions internationales, il n’est pas rare que des membres de l’équipe nationale profitent de l’occasion pour fuir le pays et demander l’asile politique.
Par exemple, lors d’un tournoi en Ouganda en 2019, plusieurs joueurs de l’équipe nationale érythréenne ont demandé l’asile après la compétition.
Ces désertions sont devenues si fréquentes que l’Érythrée a parfois du mal à aligner une équipe complète pour des matchs internationaux.Le Botswana a accordé l’asile à 10 membres de l’équipe qui a joué un match de qualification pour la Coupe du monde 2018 dans le pays en octobre 2015.
L’incident le plus récent impliquant l’équipe nationale masculine s’est produit lorsque sept joueurs ont disparu lors d’un championnat régional en Ouganda en décembre 2019.
Par ailleurs , les clubs de football locaux souffrent d’un manque de ressources et de soutien. Les stades, autrefois remplis de supporters passionnés, sont aujourd’hui souvent vides. Les infrastructures sportives se détériorent en raison du manque d’entretien et de financement.
Un pays absent des classements FIFA
Alors que les 53 nations africaines affiliées à la Fédération internationale de football (FIFA) ont disputé, entre le 5 et le 11 juin, les 3e et 4e journées des qualifications pour la Coupe du monde 2026, l’Erythrée est restée une nouvelle fois hors des stades.
La Fédération d’Erythrée avait annoncé le forfait des Red Sea Boys quelques jours avant un déplacement au Maroc en novembre, sans donner d’explications en novembre dernier.
L’instance n’a pas inscrit la sélection nationale pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025. L’équipe est d’ailleurs absente des classements FIFA.
Ses clubs n’ont plus participé aux compétitions continentales depuis 2008, et aucune donnée sur le déroulement du championnat national n’est disponible depuis 2019.
« C’est une décision politique. Depuis des années, des joueuses, des joueurs et des membres du staff technique ont profité des déplacements à l’étranger pour demander l’asile politique comme ce fut le cas au Kenya, au Botswana, en Ouganda, en Angola et en Ethiopie, et le régime souhaite éviter que cela ne se reproduise », analyse Jean-Baptiste Guégan, enseignant à Sciences Po-Paris et expert en géopolitique du sport.
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Le pays n’a actuellement aucun classement mondial bien qu’il soit membre de la Fifa. Il est dans la catégorie des « Équipes non-classées », c’est-à-dire les équipes n’ayant pas joué de match au cours des 48 derniers mois.
Thérèse d’Avila DOUTI ( stagiaire)