Le commerce illicite d’ivoire détruit davantage les éléphants d’Afrique et met l’espèce en danger critique d’extinction

Le commerce illicite d’ivoire détruit davantage les éléphants d’Afrique

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Les dernières évaluations mettent en évidence une diminution importante du nombre d’éléphants d’Afrique sur l’ensemble du continent. Le nombre d’éléphants de forêt d’Afrique a chuté de plus de 86% sur une période de plus de trente ans, tandis que la population d’éléphants de savane d’Afrique a diminué d’au moins 60% au cours des cinquante dernières années, selon les évaluations de la CITES. Les deux espèces ont ainsi connu de fortes diminutions depuis 2008 en raison d’une augmentation significative du braconnage, qui a atteint un pic en 2011, mais continue de menacer les populations.

La conversion continue de leurs habitats, principalement à des fins agricoles, entre autres utilisations des terres, constitue une autre menace importante pour les éléphants. Selon l’UICN, la population des éléphants d’Afrique est passée de 526 000 à 415 000 entre 2010 et 2019. Mais une autre espèce, appelée l’éléphant des forêts, vivant aussi sur le continent, s’avère encore plus fragile, du fait de la réduction voire de la perte de son habitat et le braconnage. Une étude internationale menée en Afrique centrale et publiée en 2013 a montré qu’entre 2002 et 2011, 62 % des populations se sont divisées et ont quantitativement diminué. Si cette vitesse de déclin perdure, ils pourraient disparaître du territoire d’ici à 2025.

Malgré la tendance globale à la baisse des deux espèces d’éléphants d’Afrique, les évaluations mettent également en évidence l’impact positif des efforts de conservation. Les mesures de lutte contre le braconnage sur le terrain, associées à une législation plus favorable et à une planification de l’utilisation des terres visant à favoriser la coexistence entre l’homme et la faune, ont été essentielles aux succès de conservation des éléphants.

En conséquence, certaines populations d’éléphants de forêt se sont stabilisées dans des aires de conservation adéquatement gérées, comme au Gabon et en République du Congo. Le nombre d’éléphants de savane est également stable ou augmente depuis des décennies, en particulier dans l’aire de conservation transfrontalière Kavango-Zambèze, qui abrite la plus grande sous-population de cette espèce sur le continent. « Bien que les résultats de l’évaluation placent la population continentale d’éléphants de savane dans la catégorie ‘En danger’, il est important de garder à l’esprit qu’à l’échelle de certains sites, certaines sous-populations sont en plein essor. Pour cette raison, une grande prudence et des connaissances locales sont nécessaires lors de la traduction de ces résultats en politiques », a déclaré le Dr Dave Balfour, évaluateur des éléphants d’Afrique et membre du Groupe de spécialistes de la CSE-UICN sur les éléphants d’Afrique.

Les ONG de défense des éléphants comme EAGLE Enforcement s’engagent dans répression contre les trafiquants de défenses d’éléphants en Afrique, d’autres ONG internationales de protection des espèces protégées en voie d’extinction font des recommandations: maintenir les forêts et savanes, limiter voire interdire la chasse et lutter plus sévèrement encore contre le braconnage et le commerce illégal.

Suite au déclin de leurs populations depuis plusieurs décennies, en raison du braconnage pour ivoire et de la perte d’habitats, les éléphants d’Afrique sont classés « En danger critique d’extinction ». « Les éléphants d’Afrique jouent un rôle clé dans les écosystèmes et les économies, mais aussi dans notre imaginaire collectif, partout dans le monde. Les nouvelles évaluations publiées aujourd’hui par la Liste rouge de l’UICN des deux espèces d’éléphants d’Afrique soulignent les pressions persistantes auxquelles sont confrontés ces animaux emblématiques », a déclaré le Dr Bruno Oberle, Directeur général de l’UICN. « Nous devons, de toute urgence, mettre un terme au braconnage et veiller à ce que suffisamment d’habitats convenables soient conservés pour les éléphants de forêt et de savane. Ces dernières années, plusieurs pays africains ont montré la voie à suivre, démontrant qu’inverser la tendance du déclin des éléphants est possible. Nous devons travailler ensemble pour que leur exemple puisse être suivi. »

En effet, les éléphants sont abattus illégalement pour leur viande, leur peau, mais aussi et surtout pour leur ivoire. Entre 20 000 et 30 000 éléphants sont ainsi tués par les braconniers chaque année en Afrique. Ce qui est grave, c’est l’existence de marchés domestiques de l’ivoire en Asie et en Afrique stimulant du coup la demande. Ces marchés sont, au moins en partie, alimentés par le commerce illégal à l’origine de ce massacre des éléphants. La demande d’ivoire pour la fabrication d’objets de décoration, de bijoux et de bibelots est en train de pousser les éléphants au bord de l’extinction. Ainsi, d’importants réseaux criminels organisés sont impliqués dans le commerce illégal d’ivoire pour tirer profit de cette demande.

Il est donc important de réduire le commerce illégal, en surveillant les tendances du commerce illégal des produits d’éléphant, tout en menant des enquêtes pour mettre à jour des données sur les marchés domestiques d’ivoire et en soutenant les ONG qui luttent contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Aussi, renforcer les capacités dans les pays, en aidant des gouvernements des pays à produire des stratégies nationales et sous régionales de conservation des éléphants, sans oublier la cohabitation des éléphants avec les humains.

L’inquiétude est grande pour les éléphants d’Afrique, du fait de la demande persistante d’ivoire et des pressions humaines croissantes sur les terres sauvages du continent. Parfois abattus pour leur viande et leur peau, ils attirent surtout la convoitise des réseaux criminels pour leurs défenses. Leurs longues incisives sont utilisées dans la fabrication d’objets de décoration et de bijoux.

Au Togo, depuis les années 90, la population d’éléphants a subi de la part des communautés riveraines, des pressions qui se traduisent surtout par l’envahissement du parc à des fins anthropiques. Mais les éléphants sont de retour. En février dernier, un troupeau d’une soixantaine d’éléphants a été localisé à Korbongou dans le Nord-est de la région des Savanes. Une équipe de forestiers suivrait leur progression.

Un cadre forestier se dit aux Anges, lorsqu’il s’éclate : « une très, très bonne nouvelle », selon lui, indiquant : « après des milliards investis depuis 1994 à travers plusieurs projets dont le dernier est le Projet de renforcement du rôle de conservation du système national d’aires protégées au Togo (PRAPT) financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Gouvernement togolais, je crois que c’est une des rares fois qu’on revoit un tel nombre ».

Pourtant, ces éléphants restent menacés au Togo. Et, le dernier inventaire estime leur nombre à 182 au Togo, selon le rapport du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF). A part le commerce illicite d’ivoire, il faut réduire les conflits hommes/éléphants, à la coexistence durable des pachydermes avec les communautés locales et à la création d’entreprises de biodiversité.

(EAGLE-Togo/avril/2023)

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