Le tribunal pénal de Derna a condamné dimanche 12 fonctionnaires actuels et anciens pour mauvaise gestion, négligence et erreurs qui ont contribué à la catastrophe, selon un communiqué du bureau du procureur général du pays. Les peines vont jusqu’à 27 ans de prison pour leur implication dans l’effondrement de deux barrages l’an dernier, qui a fait de nombreux dégâts.
Les deux barrages situés à l’extérieur de la ville de Derna se sont rompus le 11 septembre après avoir été submergés par la tempête Daniel, qui a provoqué de fortes pluies dans l’est de la Libye. La rupture des structures a inondé jusqu’à un quart de la ville, selon les autorités, détruisant des quartiers entiers et emportant des habitants vers la mer.
Les accusés, qui étaient responsables de la gestion des barrages du pays, ont été condamnés à des peines de prison allant de neuf à 27 ans, précise le communiqué. Trois d’entre eux ont été sommés de restituer « l’argent obtenu de manière illicite », précise le communiqué, sans donner plus de précisions.
Le tribunal a acquitté quatre autres personnes, a-t-il précisé.
Le verdict de dimanche pourrait faire l’objet d’un appel devant une juridiction supérieure.
Une mauvaise gestion entraînant un lourd bilan
Un rapport d’une agence d’audit publique de 2021 indiquait que les deux barrages n’avaient pas été entretenus malgré l’allocation de plus de 2 millions de dollars à cette fin en 2012 et 2013.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), l’inondation par les eaux des barrages a endommagé jusqu’à un tiers des habitations et des infrastructures de Derna. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que plus de 4 000 personnes avaient été tuées dans les inondations, mais le chef du Croissant-Rouge libyen avait précédemment évoqué un bilan de 11 300 morts. L’OCHA avait alors indiqué qu’en plus des décès enregistrés, au moins 9 000 personnes étaient portées disparues.
Le pays d’Afrique du Nord, riche en pétrole, est plongé dans le chaos depuis 2011, après la mort de Mouammar Kadhafi. Des gouvernements rivaux revendiquent l’autorité de diriger la Libye. Chacun d’eux est soutenu par des groupes armés et des gouvernements étrangers.
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