La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a clairement rejeté la feuille de route de transition présentée par les autorités militaires de Guinée-Bissau. Réunis dimanche à Abuja, au Nigeria, lors du 68ᵉ sommet de l’organisation, les chefs d’État et de gouvernement ont exigé un rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel, tout en agitant la menace de sanctions ciblées contre les acteurs qui entraveraient ce processus.
Cette prise de position intervient dans un climat régional tendu, marqué par la dégradation de la situation sécuritaire, les difficultés économiques et la multiplication des crises politiques. Le cas de la Guinée-Bissau a été au centre des échanges, illustrant les inquiétudes croissantes des dirigeants ouest-africains face aux transitions jugées non conformes aux principes démocratiques du bloc.
À l’ouverture du sommet, le président de la Commission de la CEDEAO et chef de l’État sierra-léonais, Julius Maada Bio, a tiré la sonnette d’alarme sur la résurgence des prises de pouvoir anticonstitutionnelles dans la sous-région. Selon lui, ces dérives constituent une menace directe pour la stabilité collective, fragilisent les droits des populations et compromettent les perspectives de développement. Il a rappelé que la démocratie demeure un pilier essentiel de la paix, de la justice et du progrès en Afrique de l’Ouest.
Évoquant l’instabilité persistante en Guinée-Bissau ainsi que la tentative de coup d’État récemment déjouée au Bénin, Julius Maada Bio a souligné la nécessité pour la CEDEAO de rester vigilante et d’agir avec fermeté sur la base de ses principes fondateurs.
Représentant le président nigérian Bola Tinubu, le vice-président Kashim Shettima a, pour sa part, appelé les États membres à privilégier la cohésion et l’esprit de solidarité. Il a insisté sur le fait que, malgré les désaccords politiques, les liens historiques, culturels et sociaux unissant les peuples d’Afrique de l’Ouest doivent prévaloir. Pour le Nigéria, le dialogue et la concertation doivent l’emporter sur toute approche coercitive dans la gestion des crises régionales.
Parallèlement aux enjeux politiques, le sommet a permis de faire le point sur les efforts d’intégration économique, notamment en ce qui concerne le schéma de libéralisation des échanges, la coopération énergétique et les grands projets d’infrastructures. Les dirigeants ont également examiné les conséquences du changement climatique sur la sécurité alimentaire, appelant à des réponses collectives face aux phénomènes extrêmes tels que les inondations et les sécheresses.
Aida Rachel KOUMONDJI (stagiaire)




