À l’heure où les libertés numériques s’érodent sous la pression de lois liberticides et d’un climat sociopolitique tendu, une lueur d’espoir s’est levée à Lomé. La capitale togolaise a été le théâtre, jeudi dernier, d’une formation inédite baptisée Académie des Droits Numériques (Digital Rights Academy – DRA). Portée par l’organisation panafricaine Paradigm Initiative en partenariat avec le Media and Digital Institute, cette rencontre marque une étape majeure dans la défense de l’espace civique en Afrique francophone.
L’objectif ? Renforcer les capacités des journalistes, activistes, professionnels des médias et acteurs de la société civile afin qu’ils deviennent des remparts face aux dérives numériques, à la surveillance de masse et à la criminalisation de la parole libre.
« Il ne s’agit plus seulement de s’exprimer, mais de pouvoir s’exprimer en sécurité », a résumé Moussa Waly SENE, Program Officer Afrique francophone chez Paradigm Initiative.

Une riposte face à l’étouffement numérique
Avec le transfert massif des activités civiques dans l’espace digital, la formation est apparue comme une réponse urgente à un contexte où l’accès à l’information, la liberté d’expression, et la protection des données personnelles sont sans cesse menacés. Le Togo, à l’instar de nombreux pays de la sous-région, fait face à une restriction progressive de ses libertés en ligne, notamment lors des périodes de tension politique.
« L’arsenal législatif existe, mais il reste souvent méconnu des premiers concernés. Or, ignorer la loi ne protège pas », a souligné Yao Bernard Adzorgenu, Program Manager chez Media and Digital Institute.

Entre connaissance des lois et maîtrise des outils
Les participants ont exploré en profondeur les lois togolaises sur la cybersécurité, la protection des données et l’accès à l’information, tout en découvrant des outils concrets de sécurisation numérique, des techniques de contournement de la censure, et des méthodes de plaidoyer pour une réforme législative plus respectueuse des libertés.
Un volet important de la formation a été consacré aux réalités locales, avec des échanges nourris sur les coupures d’Internet, les intimidations numériques, et les obstacles technologiques rencontrés au quotidien.
« Nous manquons d’accès aux outils numériques adaptés, et le débit Internet reste une barrière. Pourtant, c’est de ces outils que dépend notre capacité à défendre les droits humains », a fait remarquer un participant.
Pour un Internet libre et inclusif
L’Académie des Droits Numériques ne se limite pas à une session de formation. Elle s’inscrit dans une stratégie continentale de défense proactive des droits numériques, menée par Paradigm Initiative à travers l’Afrique. L’édition togolaise laisse entrevoir une génération d’acteurs mieux outillés, plus résilients, et déterminés à faire du numérique un espace de liberté, et non de répression.
Lire aussi : AFRICA COWORKERS s’engage pour un internet basé sur la confiance