Le médecin anesthésiste Arouna Louré a reçu une notification le 7 septembre pour se rendre au front le lundi 11. Il a été réquisitionné pour aller à Koumbri dans la région du Nord où 53 personnes – 17 militaires et 36 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) – ont été tuées le 4 septembre.
Il est censé servir du 11 septembre au 11 octobre soit un mois. La réquisition est délivrée par le chef d’état-major général adjoint des armées le colonel Moussa Diallo. Le médecin a été appelé « à l’effet d’apporter son concours de servir au sein de l’unité déployée à Koumbri au profit du 12eme Régiment d’Infanterie Commando (12mRIC) dans le cadre de ses missions et opérations de sécurisation du territoire national ». Cette décision a provoqué le tollé sur la toile où des proches du médecin ont estimé que sa place est auprès de ses patients et pas au front. D’autres, par contre ont fait savoir que tout le monde peut être réquisitionné pour le combat contre les terroristes.
Selon les photos partagées ces derniers jours sur différentes pages Facebook, on aperçoit le médecin en tenue militaire. Il a donc laissé sa blouse et ses patients pour combattre les terroristes. Lui, reconnu comme un fervent critique des autorités de transition.
Dr Arouna Louré, un critique au pouvoir de IB
Il suffit de faire un tour sur sa page Facebook pour savoir que Dr Arouna réagit ouvertement par rapport à différents sujets de la vie du Burkina. Il y va à chaque fois avec beaucoup de franchise comme il l’entend et des mots crus. Selon beaucoup d’observateurs, ce sont ses prises de position et critiques envers le président de Transition Ibrahim Traoré qui lui valent cette réquisition.
D’ailleurs, sa plus récente publication en date du 13 septembre en dit long. En substance, le médecin semble regretter de n’avoir pas demandé un régime civil après le coup d’Etat du capitaine Ibrahim Traoré. Le fait pour le capitaine de vouloir empêcher les voix discordantes n’est pas acceptable. Malheureusement, sans formation militaire, les citoyens sont envoyés au front alors que le capitaine est accusé de l’avoir déserté
« (…) Juste pour dire que quand on déserte le front pour venir se faire constitutionnaliser et se bunkeriser à Ouagadougou afin de devenir un médiocre politicien, on n’utilise pas cette même armée pour faire ses règlements de compte politique », a écrit l’ancien député sous le lieutenant-colonel Damiba.
La réquisition, disposition légale au Burkina
Ibrahim Traoré, le président de la transition a signé, le 20 avril dernier, le décret de mobilisation générale. Un texte qui, pendant douze mois, permet aux autorités de prendre des mesures exceptionnelles, au nom de la sécurité nationale. Ainsi, tout jeune de 18 ans ou plus, apte physiquement, peut être appelé à s’enrôler pour participer à l’effort de guerre.
C’est sur cette base que la réquisition de Dr Arouna Louré et de tout autre personne se fonde. A en croire Jean Emmanuel Ouédraogo, le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme et Porte-parole du gouvernement, c’est plutôt une question de fierté de servir au front. « Je pense qu’au-delà du caractère obligatoire, ça doit être une fierté pour chaque citoyen de pouvoir se porter en première ligne. Comme vous le savez, chaque jour, ce sont nos frères, ce sont nos sœurs qui se battent pour que le Burkina Faso reste debout », a opiné le ministre.
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