Les autorités nigériennes ont pris sous leur contrôle la société Somaïr, filiale du groupe industriel français Orano, s’occupant du traitement de l’uranium, rapporte un communiqué du groupe.
« Depuis plusieurs mois, Orano alerte sur les ingérences que le groupe subit dans la gouvernance de la Somaïr [Société des mines de l’Aïr], dont il est actionnaire majoritaire et opérateur au Niger [à 63,4 %, le reste étant détenu par l’Etat du Niger], écrit le groupe français.
« En effet, les décisions prises lors des conseils d’administration de la société ne sont plus appliquées et, de fait, Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel », selon le communiqué publié par le groupe français. « Les dépenses de production qui se poursuivent sur le site dégradent chaque jour davantage la situation financière de la société », complète Orano.
D’après le communiqué, lors d’une réunion d’administration d’Orano, tenue le 3 décembre, les représentants du Niger ont annoncé leur refus d’exporter les produits de l’entreprise.
D’après les estimations des experts du groupe français, les dépenses liées à la production aggravent quotidiennement la situation financière de la Somaïr. À cet égard, Orano entend « protéger ses droits auprès des autorités compétentes ».
1 150 tonnes de concentré d’uranium issues de stock de 2023 et 2024, soit près de la moitié de la production moyenne annuelle du site, sont actuellement bloquées, d’une valeur marchande estimée à « 200 millions d’euros », selon le groupe, dont le capital est détenu à 90 % par l’Etat français. Le Niger fournit 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel, loin derrière le Kazakhstan (45,2 %), selon des chiffres de 2021 de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).
Selon d’autres sources médiatiques se référant à Orano l’année dernière, la France utilisait le Niger pour couvrir 15% de ses besoins en uranium pour les réacteurs nucléaires, qui représentent 65% de la production électrique du pays.
Les sociétés énergétiques de l’Union européenne (UE) dépendaient également du Niger, septième producteur mondial d’uranium, selon l’agence d’approvisionnement de la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).
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