Paul-Henri Sandaogo Damiba, le prédécesseur du président Ibrahim Traoré sort du silence. En exil au Togo, il est resté loin des affaires du Burkina mais n’a pas pu se retenir face aux constats faits ces derniers mois. Comme le révèle JA, il a envoyé un courrier à Ibrahim Traoré depuis le 1er juillet. C’est la deuxième fois qu’il adresse une correspondance à celui qui l’a enlevé du pouvoir.
« Je ne veux pas et je ne dois pas garder le silence face à l’amère réalité de la situation de mon cher pays. Devant tant de victimes civiles et militaires et face à l’échec de la stratégie du tout militaire », fait savoir l’ancien président. Il fait référence aux arrestations répétées de civils et militaires, aux réquisitions de personnes envoyées au front pour combattre les terroristes.
Les cas sont nombreux. Des journalistes et acteurs de la société civile se retrouvent incarcérés à cause de leurs critiques vis-à-vis du pouvoir. Il y a quelques jours, l’enlèvement de M. Atiana Serge Oulon, journaliste d’investigation et directeur de publication du bimensuel l’Événement, a été signalée. Selon RFI, le lieutenant-colonel Yves Didier Bamouni a été kidnappé chez lui.
Le 11 juillet dernier à Ouagadougou, le capitaine Ibrahim Traoré a développé « sa vision » pour les 5 prochaines années qu’il fera à la tête du Burkina Faso. Il s’est voulu clair sur la crise sécuritaire en précisant qu’: « Il n’y a pas d’alliance possible avec les terroristes, il n’y a pas d’alliance possible avec ces criminels. Soit nous les combattons, soit ils nous combattent. Et nous avons opté pour le combat. Et c’est par là que nous serons libres, que nous serons réellement indépendants. »
« Nous voulions voir le pays s’apaiser »
Au vu de ces réalités, Sandaogo Damiba invite le capitaine Ibrahim Traoré à ne pas se laisser « aveuglément et à la surdité » avoir raison de lui. Occasion pour lui d’évoquer les raisons ayant conduit au coup d’Etat contre l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. « Nous voulions voir le pays s’apaiser, les attaques contre les détachements et les convois se réduire, les souffrances des militaires et des populations civiles s’amenuiser. Vous savez bien que je n’ai été manipulé par personne, ni par les partis intérieurs, ni par les forces extérieures », a-t-il indiqué.
Exilé au Togo depuis 2022, c’est la deuxième fois que Paul-Henri Sandaogo Damiba écrit à Ibrahim Traoré. La première fois, il a formulé le vœu de rentrer au Burkina Faso en 2023 : « Je formule le souhait que vous puissiez (….) faciliter, dans les mois à venir, mon retour auprès de ma famille », avait-il écrit.
Et à l’actuel président de lui répondre : « Il (Damiba) peut rentrer. On n’a pas dit à quelqu’un de quitter le Burkina. Il est libre de rentrer quand il veut, c’est un citoyen »,.
Lire aussi : Ibrahim Traoré : « Paul Henri Sandaogo Damiba peut rentrer au Burkina quand il veut »