La Syrie commémore cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar al-Assad. Mais les célébrations ont commencé bien avant la date officielle du 8 décembre. Dès le 27 novembre, une date symbolique pour une partie de la population, les habitants ont inauguré les festivités en souvenir du lancement de l’opération « Dissuasion de l’agression », menée il y a un an par les combattants de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Cette offensive avait précipité l’effondrement du régime, mettant fin à plus d’un demi-siècle de pouvoir autoritaire.
Partout dans le pays, des rassemblements ont été organisés pour rappeler ce moment historique. À Damas, des drapeaux ont fleuri aux balcons, des feux d’artifice ont été tirés dans plusieurs quartiers, et les réseaux sociaux ont été inondés de vidéos rappelant « le jour de la libération ». Pour beaucoup, ces commémorations représentent avant tout la fin d’une dictature marquée par la répression, les disparitions forcées et la guerre civile.
Pourtant, derrière les chants et les défilés officiels, le premier anniversaire laisse un goût amer à une partie de la population. Comme le souligne un récent rapport de La Presse, « la transition reste fragile », et le pays peine à retrouver une stabilité durable. Les tensions entre factions armées persistent dans plusieurs régions, les minorités dénoncent un climat d’insécurité, et les infrastructures, déjà affaiblies par quinze ans de conflit, peinent à être reconstruites.
Dans certaines localités, les habitants rappellent que la chute d’Assad n’a pas suffi à apaiser les rivalités. Les communautés druze, chrétienne ou alaouite affirment être encore la cible de violences. Plusieurs organisations humanitaires évoquent également un « profond sentiment d’incertitude », notamment chez les familles déplacées, dont beaucoup hésitent à revenir chez elles. À l’échelle nationale, près d’un logement sur cinq reste inhabitable.
À Damas, la situation est tout aussi contrastée. Si la parole s’est libérée il est désormais possible de critiquer ouvertement l’ancien régime . La vie quotidienne reste difficile. L’essence continue d’être vendue à la sauvette faute d’approvisionnement régulier, l’électricité est instable, et les patrouilles de groupes armés se multiplient dans la capitale, créant une impression de surveillance permanente. Certains habitants affirment même que cette présence « remplace l’ancienne police politique », tout en étant moins prévisible.
Le gouvernement de transition, dirigé par Ahmed al-Charaa, tente de rassurer. Les autorités affirment vouloir avancer sur la reconstruction, le retour des réfugiés et l’organisation d’institutions plus solides. Mais à l’international, plusieurs observateurs soulignent que d’importantes étapes restent à franchir : réformer la sécurité, éviter une montée de l’extrémisme et garantir une représentation équitable des différentes communautés.
Ainsi, un an après la chute du régime, la Syrie se retrouve entre espoir et incertitude. Les célébrations témoignent de la volonté d’une partie de la population de tourner la page de la dictature. Mais la réalité quotidienne rappelle que la transition, encore fragile, devra surmonter d’immenses défis pour que cette date devienne, un jour, celle d’un véritable renouveau national.
Aida Rachel KOUMONDJI (stagiaire)




