La Confédération des États du Sahel (AES) a annoncé la saisie d’un avion militaire nigérian après son atterrissage d’urgence à Bobo-Dioulasso, le lundi 08 décembre 2025 dans l’ouest du Burkina Faso, affirmant que l’appareil avait pénétré son espace aérien sans autorisation. Cette décision marque l’une des réactions les plus fermes du bloc sahélien depuis sa création, alors que les tensions régionales se multiplient.
Selon les autorités burkinabè, l’avion de type C-130 transportait deux membres d’équipage et neuf militaires lorsqu’il a été contraint de se poser en raison d’un incident technique. Les services d’enquête ont confirmé que le survol du territoire burkinabè n’avait fait l’objet d’aucune demande ni validation préalable. En conséquence, l’appareil a été immédiatement immobilisé sur le tarmac et placé sous contrôle des forces de sécurité, en application des directives adoptées par la Confédération en matière de souveraineté aérienne.
Cette saisie intervient alors que l’AES affirme depuis plusieurs mois sa volonté de reprendre la main sur la gestion de son espace, ce qui constitue l’un des piliers de sa doctrine sécuritaire. La confédération, née en 2023 de la convergence politique entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, avait été créée à la suite d’une rupture profonde avec la Cédéao et d’un sentiment partagé d’isolement diplomatique. Les trois pays, confrontés à la même insécurité et aux mêmes pressions internationales, avaient choisi de fédérer leurs moyens militaires et politiques au sein d’un pacte de défense devenu, en 2024, une véritable Confédération des États du Sahel.
Depuis, l’AES a renforcé son cadre stratégique et posé les fondations d’une intégration plus poussée. Elle a défini une politique aérienne stricte, imposant que tout aéronef civil ou militaire obtienne une autorisation préalable pour survoler le territoire confédéral. Cette règle est au cœur des mesures adoptées en décembre 2024, qui donnent aux armées du Sahel le pouvoir de neutraliser tout appareil non identifié ou non autorisé. L’incident de Bobo-Dioulasso est donc apparu aux yeux des autorités sahéliennes comme une atteinte directe à leurs décisions collectives.
La Confédération a déclaré qu’elle ne tolérerait plus aucune « violation délibérée ou accidentelle » de son espace aérien et que ses forces de défense étaient désormais prêtes à répondre immédiatement à toute nouvelle intrusion. Cette posture vise à affirmer l’autorité du bloc sahélien, déterminé à montrer qu’il a les capacités politiques et militaires nécessaires pour faire respecter sa souveraineté.
L’affaire de Bobo-Dioulasso illustre ainsi la nouvelle dynamique de puissance que cherche à imposer l’AES. Face à un environnement régional instable, marqué par des renversements politiques et des rivalités croissantes, les trois États du Sahel entendent consolider leurs positions, contrôler leur territoire et faire respecter leurs décisions. L’avion nigérian immobilisé sur le sol burkinabè symbolise, pour les dirigeants de la Confédération, cette volonté de ne plus laisser aucune marge aux intrusions extérieures, quelles qu’en soient les raisons.
Aida Rachel KOUMONDJI (stagiaire)




