Critique du président américain Donald Trump, Wole Soyinka, premier auteur africain à recevoir, en 1986, le Nobel de littérature, a annoncé mardi 28 octobre que le consulat des États-Unis à Lagos avait annulé son visa.
Au cours de l’année, il avait indiqué avoir été convoqué par le consulat américain pour un entretien dans le cadre d’un renouvellement de son visa. Il bénéficiait auparavant d’un statut de résident permanent aux États-Unis même s’il avait détruit sa Carte verte (Green Card) après la première élection de Donald Trump en 2016.
En lisant la lettre à haute voix devant des journalistes à Lagos, le Nobel a déclaré que les responsables lui avaient demandé d’apporter son passeport au consulat afin que son visa puisse être annulé. L’icône de la littérature a plaisanté en disant que c’était « une lettre d’amour plutôt curieuse venant d’une ambassade », tout en conseillant à toute organisation espérant l’inviter aux États-Unis « de ne pas perdre leur temps ». « Je n’ai pas de visa. Je suis interdit d’entrée », a-t-il poursuivi.
D’après une lettre adressée à Wole Soyinka par le consulat, les responsables ont cité les règlements du département d’État qui permettent d’« annuler un visa de non-immigrant à tout moment, à sa discrétion ».
Wole Soyinka a également récemment critiqué les arrestations massives d’immigrants sans papiers aux États-Unis. « Quand nous voyons des gens être arrêtés dans la rue – des gens être emmenés et disparaître pendant un mois… des vieilles femmes, des enfants séparés. C’est vraiment ce qui me préoccupe », a-t-il insisté.
Trump comparé à Amin Dada, l’erreur de trop ?
S’exprimant auprès de TheNEWS/PMNEWS le mardi 9 septembre, Soyinka n’a pas mâché ses mots concernant le style de leadership de Trump. Sa comparaison était frappante et sans concession. « Dans le cas des États-Unis, est-ce qu’on a affaire à un Idi Amin blanc, par exemple ? Si l’on examine de près la conduite, le comportement et la mentalité de l’actuel président, on constate qu’il existe des Idi Amin de toutes les couleurs », a fait savoir Soyinka.
Ce qui est particulièrement frappant, c’est la manière dont le lauréat du prix Nobel a formulé ses inquiétudes concernant la sécurité. « Si Idi Amin me demandait de venir à son ambassade, j’y réfléchirais à deux fois avant d’y aller, car je ne sais pas ce qui m’attend de l’autre côté de la porte », a-t-il expliqué.
Le dictateur ougandais « Idi Amin [Dada] était un homme de stature internationale, un homme d’État, donc lorsque j’ai comparé Donald Trump à Idi Amin, je pensais lui faire un compliment, » a déclaré le Nobel de littérature. « Il se comporte comme un dictateur, il devrait en être fier », a ajouté l’auteur nigérian. Surnommé le « Boucher de l’Afrique », Idi Amin Dada, autoproclamé chef de l’État en 1971, a été renversé en 1979 après un règne sans partage marquées par une répression aveugle, la mort de 300 000 à 500 000 Ougandais et l’expulsion de toute la communauté indo-pakistanaise.
Interrogé sur la possibilité de retourner aux États-Unis, Wole Soyinka a répondu : « Quel âge ai-je ? » Il a cependant laissé la porte ouverte à une invitation si les circonstances changeaient, prenant le soin de préciser : « Je ne prendrais pas l’initiative moi-même car il n’y a rien que je cherche là-bas. Rien. »
Avec Jeune Afrique
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