À Bamako, la tension monte. La capitale malienne connaît depuis plusieurs jours une situation confuse, marquée à la fois par une grave pénurie de carburant et par des appels au départ des ressortissants étrangers, qui alimentent la peur et l’incertitude parmi la population.
Dans les rues, les stations-service sont prises d’assaut. Les files de voitures s’étendent sur des centaines de mètres, paralysant une partie de la circulation. Face à la rareté du carburant, les automobilistes craignent un blocage total de la ville. Le gouvernement a promis l’arrivée imminente d’une centaine de camions-citernes escortés par les Forces Armées MAliennes, mais sur le terrain, la situation reste tendue.
Des appels à quitter le pays
À cette crise économique s’ajoute un climat d’inquiétude sécuritaire. Ces dernières semaines, plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Espagne, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Mali. Une recommandation qui a provoqué surprise et incompréhension dans la capitale.
Pour Yacouba Doumbia, journaliste au Groupe Renouveau, cette décision a semé la panique parmi les habitants. Il reconnaît cependant que la prudence des chancelleries étrangères n’est pas infondée. « Ces dernières semaines, des enlèvements ont visé des étrangers, notamment des ressortissants émiratis et égyptiens. Mais la manière dont l’information a circulé sur les réseaux sociaux a aggravé la peur », explique-t-il.
Son confrère Daouda Sangaré, du quotidien L’Indépendant, estime que ce type d’annonce révèle surtout la fragilité du contexte malien. Selon lui, « la décision de certains pays est légitime, mais elle met en lumière la dégradation des conditions sécuritaires et économiques. Au lieu de se retirer, les partenaires du Mali devraient plutôt aider à stabiliser la situation. »
Alors que les files d’attente s’allongent devant les stations-service et que la population s’inquiète d’un possible isolement du pays, le gouvernement tente de calmer les esprits. Mais dans les rues de Bamako, la colère et la peur se mêlent désormais à la fatigue d’un peuple confronté à la fois à la crise économique et à la menace d’un isolement international.
Aida Rachel KOUMONDJI (stagiaire)




