Le président élu du Nigéria, Bola Tinubu possède un passeport diplomatique guinéen. Chose inhabituelle. Les photos de son passeport diplomatique guinéen ont fait surface sur les réseaux sociaux, envoyant les internautes dans une frénésie sur la façon dont le nouveau dirigeant de la plus grande économie d’Afrique a menti à la commission électorale du pays sous serment.
Samedi soir, quelques minutes avant minuit, le journaliste indépendant David Hundeyin a mis en ligne sur son compte Twitter des images d’un passeport diplomatique guinéen portant « Bola Ahmed Tinubu ». Le passeport portait également l’image de M. Tinubu et indiquait qu’il avait été délivré en octobre 2015, expirant cinq ans plus tard en octobre 2020.
Le passeport aurait été délivré à M. Tinubu alors que son allié Alpha Condé était président guinéen. M. Tinubu avait publiquement revendiqué, apprend-on, le mérite d’avoir aidé M. Condé à se faire réélire en octobre 2015. Le dirigeant guinéen a été évincé lors d’un coup d’État militaire en 2021.
Dans le camp du pouvoir nigérian, c’est le silence total.
L’article 137 (1) (a) de la Constitution nigériane stipule qu’une personne ne sera pas qualifiée pour être présidente si « elle a volontairement acquis la citoyenneté d’un pays autre que le Nigéria ».
Néanmoins, les tribunaux ont interprété à plusieurs reprises cet article de la Constitution comme inapplicable à une personne née au Nigéria ou à un citoyen né d’un parent nigérian ou des deux parents.
M. Tinubu a coché « NON » en réponse à « Avez-vous volontairement acquis la citoyenneté d’un autre pays » posée par l’INEC dans le formulaire, selon gazettengr.
Il a également apposé sa signature sur le formulaire en jurant que les informations fournies étaient « correctes, véridiques et au meilleur de ma connaissance ».
M. Tinubu a été confronté à une énigme juridique similaire peu de temps après avoir été élu gouverneur de Lagos en 1999. Il avait fait de fausses déclarations concernant sa fréquentation d’écoles primaires et secondaires sans en présenter la moindre preuve. Il a également affirmé avoir fréquenté l’Université de Chicago, ce qui s’est également avéré faux.
Cependant, il n’a pas été inculpé car il était déjà gouverneur en exercice et jouissait de l’immunité constitutionnelle contre les poursuites pénales. Il a également affirmé à l’époque qu’il n’avait pas sciemment fait de fausses déclarations sur le document de l’INEC, affirmant qu’il avait été rempli en son nom par son allié politique Tokunbo Afikuyomi. M. Afikuyomi a publiquement admis avoir rempli les formulaires pour M. Tinubu.
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